17 (deux) PDF Imprimer Envoyer
Écrit par Administrator   
Jeudi, 22 Mars 2012 21:47

Oublier.

T'oublier.

Les néons déchirent la nuit de leurs lueurs fantomatiques, comme pour faire oublier le froid et la tristesse. Tu déambules les rues, tête basse, en te laissant porter par les bruits, les odeurs. Tu croises des fantômes, des ombres parmi les ombres, tu pourrais presque ressentir leur vide, pourtant ils te dégoutent, peut être parce qu'ils te renvoient ton image, seuls, perdus, le visage livide, les yeux cernés.

Hantés.

 

 

(Elle)

Un bruit résonne, proche, et t'attire comme le chant des sirènes. Un ilot de jour au milieu de la nuit. La musique est forte, trop forte. Elle t'emplit la tête, bloque tes pensées, te porte sur son flot incessant. Le battement semble se calquer sur tes propres battements de cœur. Autour de toi les corps s'agitent, suintent, s'emmêlent. Au ralenti. Saccadés par les flashs lumineux. Chaque éclair te brule les yeux, et à chaque fois la même image

(morts)

de ces choses qui ne sont plus humaines et qui te dévisagent. La chaleur devient étouffante. Tu sens de grosses gouttes de sueur perler sur ton front. La panique te prend à la gorge. Tu luttes pour ne pas fuir. Il te faut t'isoler.

Tu te fraies un chemin à travers cette masse de chair, réprimant les haut-le-cœurs, essayant de ne pas sentir les odeurs des corps en décomposition. L'endroit est suffisamment calme, il sent l'urine et le sol est trempé. Dans une des cabines, des gémissements, des coups répétés. C'est répugnant mais tu t'en accommodes. Tu connais la médecine, tes doigts répètent le mêmes gestes, ils ont fait ca des centaines de fois. La tête pressée contre le mur froid et humide, tu attends.

Bientôt l'oubli.

C'est l'explosion.

Tu sens la chaleur te monter du bas ventre, grimper le long de ta colonne, et exploser dans ta tête

(les couleurs)

te sautent aux yeux, les pensées s'enchainent, limpides, claires. Plus rien n'a d'importance. Tu sors de ta forteresse puante, plein de fougue, tu ressens le besoin de te mêler à la foule, danser avec les morts, danser avec les tiens. La terre ne va pas s’arrêter de tourner. La chaleur irradie de ton bas ventre, tu ressens la puissance, tu es un dieu parmi les hommes, un dieu d'amour rayonnant. Tu contrôles tout. Les corps se pressent autour de toi, te regardent avec avidité et respect. Pour une fois tu ne les méprises pas. Tu sens qu'ils ont besoin de toi ; sans ta présence ils ne seraient que des corps vides. Tu leur insuffle une âme.

(rien n'est vrai)

non

(ouvre les yeux. Vois!)

désespéré, tu t'enivres de musique, de fumée, de corps à moitié nus pour essayer d'oublier ta fatigue, tu sens que tu ne pourras pas tenir longtemps, la peur de te faire dévorer par ces yeux avides, peur d’être oublié par ces chairs creuses.

Une main dans la tienne. Des yeux noirs. Un instant ton cœur s’arrête. Tu crois un rêve, une hallucination. Ses lèvres rouges murmurent à ton oreille mais tu n'entends pas. Tout au fond de toi, une voix hurle pour que tu t’enfuies mais tu es comme paralysé. Elle t'entraine derrière elle, loin du bruit et de l'agitation. Ses lèvres sont douces, chaudes, tu te sens revivre et pour l'instant rien n'a plus d'importance que sa chaleur se mêlant a la tienne. Elle t'ouvre son corps et tu lui ouvres ton âme. La nuit est suspendue, vous partagez des orgasmes en sachet, elle fait semblant de te comprendre

(elle ment)

mais cela n'a plus d'importance pour l'instant.

Le réel viendra te frapper au visage au matin, après avoir vomi tes excès et ton insolence.

Mais pour l'instant elle est belle endormie

je cherche toujours le sommeil.

 

 

 

Mise à jour le Jeudi, 22 Mars 2012 22:17
 

Ajouter un Commentaire


Code de sécurité
Rafraîchir